Le bus roule
Roule sa bosse
Bosse sur le front d’un petit passager
Passager qui somnole
Somnole le vieillard en souriant
Souriant l’adolescent qui séduit une amie
Amis chahutant dans les sièges
Siège qui empeste l’odeur du neuf
Odeur du neuf qui donne la nausée
Donne la nausée aux odorats fins.
Fin de la journée
Journée passée à rouler pour le chauffeur, harassé, épuisé par la servitude
Servitude du métier
Métier de contact
Contact avec les autres
Autre chose à faire à un train d’enfer
L’enfer c’est les autres.
Les autres restent silencieux
Silencieux, ils regardent le paysage.
Paysages qui défilent
Défilent les façades, les rues, les trottoirs
Trottoirs sous les mornes réverbères
Réverbères qui luisent
Luisent les gouttes de pluie sur les vitres
Vitres, nous renvoyant nos reflets pâles
Pâles les mines du bus du soir
Soir de fatigue qui grignote les gens sur les trottoirs
Trottoirs aux bordures affaissées.
Affaissé le clochard qui dort sur le pavé
Pavé dans la mare
Mare qui déborde.
Déborde le cœur de lassitude
Lassitude du quotidien
Quotidien qui ne fait plus rêver
Rêver d’une nouvelle vie
Vie à passer auprès des siens bien au chaud
Au chaud dans un foyer heureux
Foyer heureux et insouciant
Insouciants sont les enfants
Enfants à bien garder auprès de soi
Auprès de soi, assis tout près dans le bus de la vie.
Aurélie